Le 14 octobre 2024, Madjibaye Bonheur, pasteur de l’Église Baptiste Mid-Mission N°4 d’Amtoukoui, dans le 7e arrondissement de N’Djaména, a été une nouvelle fois expulsé de son lieu de culte, cette fois accompagné de sa famille, par les forces de l’ordre. Ce deuxième incident survient après une première expulsion le 15 mars 2024, et intervient dans un contexte de tensions judiciaires et politiques.
En poste depuis six ans, le pasteur Madjibaye Bonheur a relaté que cette expulsion est liée à une instruction directe du ministre de la Justice, malgré un appel toujours en cours concernant le litige qui l’oppose à certains membres de la communauté religieuse. Il explique que, le 16 septembre, il avait reçu une convocation du procureur pour le 19, où il s’était rendu avec ses avocats, rapporte Tchadinfos. Le procureur a alors annoncé qu’un ordre d’expulsion avait été émis par le ministre de la Justice, bien que les avocats du pasteur n’aient pas été informés de la clôture de l’affaire.
« Le procureur a sorti un document de son tiroir pour expliquer que le ministre de la Justice avait donné l’instruction de m’expulser, car le verdict était déjà rendu et la justice ne souhaitait pas l’appliquer », a précisé le pasteur. Une rencontre avec le président de la cour d’appel et les avocats a eu lieu, et une visite à l’église était prévue pour évaluer la situation. Toutefois, le 14 octobre, un huissier est revenu pour procéder à l’expulsion. Des femmes présentes sur les lieux ont tenté d’empêcher cette action, mais la situation a dégénéré, devenant, selon Madjibaye Bonheur, une affaire politique. Il évoque également la nomination d’un remplaçant à son poste, sans son consentement.
Le pasteur Bonheur, qui a saisi la haute hiérarchie de l’Association tchadienne des Églises baptistes (ATEBAM), dénonce l’implication des autorités dans son expulsion, affirmant que ce n’est pas son église qui l’a renvoyé, mais les autorités. Selon lui, la crise découle d’un désaccord avec un groupe se présentant comme les fondateurs de l’église, qui, mécontents de leur destitution par l’Assemblée, ont porté l’affaire devant la justice. Bien que l’appel soit en cours, l’intervention des autorités a aggravé la situation.