Faits divers 2025-09-22 Vues 1953 fois

Mamadou Bethe, le brouteur ivoirien qui a volé plus des millions euros, a été arrêté au Canada. video avoir absolument



Mamadou Bethe, le brouteur ivoirien qui a volé plus des millions euros, a été arrêté au Canada. video avoir absolument



Un important réseau de fraude sentimentale originaire d’Afrique de l’Ouest s’est implanté au Québec et a escroqué des victimes pour des montants très élevés. L’enquête « Enquête » de Radio-Canada montre comment ce groupe, qualifié par les autorités de « crime organisé africain », a professionnalisé l’arnaque amoureuse et diversifié ses activités (blanchiment, création de fausses identités, exportation de véhicules volés).

Des enquêtes policières locales (notamment au poste de Mercier) ont identifié plusieurs dossiers liés au même réseau : plus de 200 personnes seraient liées à l’organisation au Québec selon des sources d’enquête, et les flux financiers évoqués atteindraient des sommes très importantes. Des affaires individuelles montrent des pertes de plusieurs centaines de milliers de dollars par victime.

Qui est Mamadou Berthe (selon les enquêtes publiques)

D’après les documents et reportages repris par les médias, un homme identifié comme Mamadou Berthe, ressortissant ivoirien installé au Québec, est impliqué dans plusieurs dossiers de fraude amoureuse et d’exportation de véhicules volés. Selon ces sources, il aurait été arrêté en 2024 dans le cadre d’une enquête locale et expulsé à la fin du mois d’août; des analyses de comptes et d’appareils ont permis de recenser une vingtaine de victimes connectées à ses opérations et de multiples fausses identités (passeports de plusieurs pays africains



L’arnaque amoureuse fait des ravages au Québec. Des victimes ont perdu plusieurs centaines de milliers de dollars aux mains d’un réseau criminel professionnel qui s’est installé au pays.
Des victimes québécoises de fraude amoureuse, comme ce retraité, ont parfois perdu plusieurs centaines de milliers de dollars.

« J’ai tout perdu. Tout. » La voix sanglotante, les larmes aux yeux, Jacques insiste : « Je n’ai plus rien. »

Ce retraité d’une soixantaine d'années a longtemps cru vivre un nouvel amour avec Philine, une douce mère de famille, originaire de la Martinique, avec laquelle il entretenait une conversation virtuelle soutenue ainsi que téléphonique.

On s'écrivait et on s’appelait plusieurs fois par jour. Elle me disait qu’elle vivait à Trois-Rivières, insiste-t-il. J’entendais sa voix sensuelle, sa fille aussi voulait me rencontrer. J’y croyais.

En réalité, Jacques a été victime d’une arnaque amoureuse, une fraude haut de gamme, menée durant des mois par un réseau professionnel et sophistiqué, désormais implanté au Québec, que les autorités canadiennes désignent sous le nom du crime organisé africain, comme l'a révélé l'émission Enquête (nouvelle fenêtre).

Tout a débuté sur Facebook. Alors que cet ancien représentant commercial venait de se séparer, il a fait la connaissance numérique d'une charmante blonde. Après avoir entamé la discussion, Jacques a été invité à poursuivre la conversation sur WhatsApp.

Quotidiennement, Philine lui envoyait des photos et des mots doux. Elle disait que j’étais fin, que j’étais une bonne personne, se rappelle-t-il. Ça faisait des mois, des années presque, que je n’avais pas entendu ça.

Au départ, Philine lui a demandé un peu d’aide afin d'acheter de l'équipement pour un salon de coiffure qu’elle projetait d’ouvrir tout en travaillant provisoirement dans un magasin Jean-Coutu de Trois-Rivières. D’autres factures sont arrivées. Puis c’est un notaire qui l'a contacté pour qu'il soutienne financièrement Philine afin de récupérer un terrain familial dans les Caraïbes.
J’ai été pris dans l’engrenage, sans m’en rendre compte. Heureusement, raconte-t-il, « ma banque m'a alerté », mais trop tardivement.

J’ai vidé mes REER, j’ai utilisé les profits de la vente de ma maison. On avait même le projet d’avoir un condo ensemble, confie-t-il, assis sur un lit, encore incrédule devant cette escroquerie qui lui a coûté près de 285 000 $. J’essaie d’oublier, murmure-t-il.


Ce retraité de Trois-Rivières a perdu près de 300 000 dollars en pensant qu'il parlait avec une certaine Philine qui n'a jamais existé.


Au motel pour dormir
Jusqu’à tout récemment, Jacques était resté silencieux. Comme tant d’autres victimes de fraude amoureuse, il avait honte. Même sa famille et ses proches amis ignorent ses terribles pertes financières, qui l’ont poussé à dormir, durant quelques semaines, dans un motel, puis à reprendre une activité professionnelle.

Jacques est d’ailleurs un prénom fictif. Une ordonnance judiciaire interdit de dévoiler sa véritable identité, mais il a obtenu qu'elle soit modifiée pour pouvoir témoigner publiquement et sensibiliser d’autres victimes potentielles.

L’inspecteur de police m’a dit que je n’étais pas la seule victime [de ce réseau], qu’il y avait encore d’autres gros montants. Mais j’étais le seul à avoir porté plainte, souligne-t-il.

Tu ne penses pas que ça va t’arriver. Tu ne réalises pas que c’est toi, la victime. On avait une relation profonde. Elle disait qu’on pourrait se marier.

Une citation de Jacques, victime de fraude amoureuse
Originaires de la Côte d’Ivoire, les auteurs de cette fraude amoureuse ont mis au point un stratagème bien rodé. Pour gagner la confiance de leurs futures victimes, des complices féminines appellent leur client chaque soir. Ils font également livrer des boîtes de chocolats ou divers cadeaux pour les attendrir.

Jacques a lui-même reçu des fleurs avant de déménager et de s’installer à Trois-Rivières, à quelques kilomètres à peine du logement et du lieu de travail fictif de Philine. J’avais pourtant demandé des preuves, des documents. Elle m’avait envoyé son permis de conduire. Et elle connaissait toute la ville, soutient-il.

À l’instar de Jacques, bon nombre de ces victimes ont également été piégées par de faux documents bien réalisés, par exemple des contrats notariés ou des factures, afin de leur demander une aide financière.

Il faut que le monde sache ce qu’il se passe. Tu peux tomber, tu n’as plus rien, plus de voiture, plus de logement, et tu couches sur un banc d’autobus.

Une citation de Jacques, victime de fraude amoureuse
L’argent provenant de ces fraudes était ensuite transféré entre de nombreux comptes bancaires canadiens, créés sous de fausses identités, puis blanchi et envoyé en Afrique au moyen de différentes applications de transfert de fonds.
Victime d'une arnaque amoureuse, Guylaine Paré veut désormais inciter les autres victimes à porter plainte.


Au début, c’était banal
Dans les cinq dernières années, il y a eu une augmentation marquée [du nombre de cas de ce type de fraude]. La réalité québécoise a changé rapidement, explique le chercheur Charles Viau-Quesnel, qui réalise une étude sur l’arnaque amoureuse.

Le crime organisé africain, reprend ce professeur de l’Université du Québec à Trois-Rivières, a affiné ses méthodes. Chacun a des spécialités. Il y a ceux qui ont des interactions directes avec la victime, d’autres qui vont s’occuper du transfert d’argent ou du blanchiment, détaille-t-il.

Selon les services frontaliers, au moins 200 membres de ce groupe criminel, originaires principalement de la Côte d'Ivoire et du Bénin, ont été identifiés au Québec. Leur présence en sol canadien donne beaucoup plus de crédibilité à la fraude, note Charles Viau-Quesnel.

Une des faiblesses des fraudeurs à l'étranger, c'est qu'ils doivent créer un scénario crédible et qui tienne la route pour la victime qui est au Québec.


Guylaine Paré s’est elle aussi fait prendre au piège. Cette retraitée de Mercier avait commencé une relation amicale avec un soi-disant Jean-Marc, un Français, retraité lui aussi, qui semblait bien connaître le Québec. Je n’étais pas à la recherche d’amour, soutient-elle.

Au début, c’était banal, tout était fluide. Je lui faisais tellement confiance! décrit-elle. Il m’appelait même "bébé" avant le début des problèmes. Il m’a dit qu’il avait eu un accident, sa carte bancaire ne fonctionnait plus. Ça a commencé comme ça.

À la même époque, un autre profil, du nom de Michel Leclercq, l'a contactée. Rebelote. Un scénario similaire s'est mis en branle.

Au départ, on a honte, mais il faut accepter ce qui est arrivé. Il faut en parler. Si on se tait, ils vont continuer à profiter [des victimes].

Une citation deGuylaine Paré, victime de fraude amoureuse
Après une perte d'environ 200 000 $, Guylaine Paré a décidé d'alerter les autorités. C’était le plus dur, reconnaît-elle en soulignant le rôle de sa fille, qui l’a soutenue pour contacter la police de Mercier.

Michel Leclercq était une fausse identité virtuelle de Mamadou Berthe pour arnaquer des victimes au Québec.


En réalité, derrière ces deux profils virtuels se trouvait le même fraudeur : Mamadou Berthe, un ressortissant ivoirien de Montréal, également impliqué dans l'exportation de véhicules volés. Arrêté en juin 2024, ce dernier a finalement plaidé coupable et a été expulsé à la fin du mois d’août.

Lors de son audience, il a néanmoins précisé qu'il n’était qu’un maillon d’une plus vaste organisation criminelle. Au cours de l’enquête, une autre victime de fraude amoureuse, qui avait perdu 350 000 $, a été identifiée. Toutefois, celle-ci n'a pas souhaité porter plainte, préférant cacher sa mésaventure à ses proches.

Un tel refus est fréquent, rappelle Charles Viau-Quesnel en soulignant la dangerosité de ces crimes.

Des victimes vont tellement se sentir coupables qu'elles vont avoir l'impression qu'il n'y a plus de sorties, qu'il n' y a plus d'avenues possibles pour réparer leur vie. Malheureusement, des gens vont mettre fin à leurs jours, précise Charles Viau-Quesnel. Au cours des dernières années, le Bureau du coroner a d'ailleurs lié plusieurs suicides à des arnaques amoureuses.

C'est quelque chose qui te passe en tête, confirme Jacques. Tu te dis : ça vaut-tu la peine de vivre? Mais oui, il y a toujours un moyen de s'en sortir. Moi, j'en parle pour aviser les gens : faites vraiment attention aux arnaques.

Malgré l’arrestation et l’expulsion de son fraudeur, Guylaine Paré, de son côté, a récemment reçu de nouveaux messages, encore une fois de la part du même Jean-Marc, après des mois de silence.

Là, je vois l’ampleur de ces réseaux. C’est énorme. Cette fois, jure-t-elle avec le sourire, j’ai mis un stop.






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