
L’émotion est immense au Mali après l’assassinat brutal de Mariam Cissé, une jeune tiktokeuse populaire suivie par plus de 95 000 abonnés. Âgée d’une vingtaine d’années, elle a été tuée par des jihadistes présumés le vendredi 7 novembre dans sa ville natale de Tonka, localité située à une centaine de kilomètres de Tombouctou, dans le nord du pays. Ce drame, survenu dans une région déjà marquée par l’insécurité et la présence de groupes armés, a profondément choqué la population malienne et au-delà, soulevant une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.
Connue pour ses vidéos dynamiques et inspirantes, Mariam Cissé mettait en valeur la beauté de sa région, la culture locale et la vie quotidienne des habitants du nord du Mali. Son ton optimiste, son humour et son charisme lui avaient valu une communauté fidèle. Mais au-delà du divertissement, elle utilisait sa notoriété pour défendre une image positive du Mali et encourager la jeunesse à la résilience malgré les difficultés.
Dans plusieurs de ses publications, Mariam arborait fièrement l’uniforme des forces armées maliennes, exprimant son soutien aux soldats engagés dans la lutte contre les groupes jihadistes. Ce positionnement patriotique, salué par de nombreux internautes, aurait également attiré sur elle l’attention et la colère des extrémistes. Selon des témoins locaux, elle avait été arrêtée le jeudi 6 novembre, alors qu’elle diffusait une vidéo en direct sur TikTok depuis une foire artisanale. Ses ravisseurs, identifiés comme appartenant à un groupe armé actif dans la région, l’auraient reconnue et enlevée sous les yeux de plusieurs habitants impuissants.
Le lendemain, Mariam aurait été ramenée à Tonka et exécutée publiquement sur la place de l’Indépendance, un acte destiné à intimider la population. Les habitants, sous le choc, dénoncent la passivité des forces de sécurité, d’autant plus que l’incident s’est produit en plein centre-ville. Plusieurs associations de défense des droits humains ont condamné ce meurtre qualifié de « barbare et inacceptable », appelant les autorités à identifier et à punir les responsables.
Sur les réseaux sociaux, les hommages se multiplient. Des milliers de messages, de vidéos et de poèmes sont partagés pour saluer la mémoire d’une jeune femme décrite comme « courageuse », « joyeuse » et « fièrement malienne ». De nombreuses figures publiques, influenceurs et artistes ont exprimé leur tristesse et leur colère, tout en appelant à une meilleure protection des civils, en particulier des jeunes qui s’expriment librement en ligne.
Au-delà de l’émotion, l’assassinat de Mariam Cissé met en lumière les défis persistants du Mali face à l’insécurité et à l’emprise des groupes armés dans le nord. Malgré la présence accrue de l’armée et les promesses du gouvernement de restaurer l’autorité de l’État, de vastes zones échappent encore au contrôle des forces régulières. Pour beaucoup de Maliens, la mort de Mariam symbolise à la fois la vulnérabilité des civils et la nécessité urgente de renforcer la protection des femmes et des jeunes dans les zones à risque.
Mariam Cissé laisse derrière elle une profonde empreinte. Elle incarnait une génération qui croit encore en un Mali uni, fier et résilient. Son visage, devenu symbole de courage et de liberté d’expression, restera dans la mémoire collective comme celle d’une jeune femme qui n’a jamais cessé d’aimer son pays, même face à la peur et à la violence.